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Rappels de la CNIL sur le droit au déréférencement et les informations sensibles

Affaires - Immatériel
02/01/2020
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelle que le Conseil d’État a rendu le 6 décembre dernier d’importantes décisions relatives à des demandes de déréférencement de résultats faisant apparaitre des données sensibles.
Elle rappelle ainsi que le droit au déréférencement permet à toute personne de demander à un moteur de recherche de supprimer certains résultats qui apparaissent à partir d’une requête faite sur ses nom et prénom. Cette suppression ne signifie pas l’effacement de l’information sur le site internet source.

Elle rappelle également que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait rendu, le 24 septembre dernier, un arrêt apportant des précisions sur les conditions dans lesquelles les personnes peuvent obtenir le déréférencement d’un lien apparaissant dans un résultat de recherche lorsque la page auquel le lien renvoie contient des informations relatives à des données sensibles (par exemple, leur religion, leur opinion politique) ou à une condamnation pénale.

Sur cette base, le Conseil d’État a, donc par 13 décisions rendues le 6 décembre 2019, apporté d’importantes précisions sur la mise en œuvre du droit au déréférencement. Il indique ainsi que pour chaque demande de déréférencement, l’intérêt du public à avoir accès à cette information doit être mis en balance avec trois grandes catégories de critères :
les caractéristiques des données en cause : contenu des informations, leur date de mise en ligne, leur source ;
la notoriété et la fonction de la personne concernée ;
les conditions d’accès à l’information en cause : la possibilité pour le public d’y accéder par d’autres recherches, le fait que l’information ait été manifestement rendue publique par la personne concernée, etc.

Si les informations publiées sont des données dites « sensibles » (religion, orientation sexuelle, santé...), elles doivent faire l’objet d’une protection particulière et donc, dans la mise en balance, d’une pondération plus importante. Le déréférencement ne pourra être refusé que si ces informations sont « strictement nécessaires » à l’information du public. En revanche, si ces données ont été manifestement rendues publiques par la personne concernée, leur protection particulière disparaît.

Par ailleurs, s’agissant des données relatives à une procédure pénale, comme la CJUE, le Conseil d’État a précisé que l’exploitant d’un moteur de recherche peut être tenu d’aménager la liste des résultats en vue d’assurer que le premier de ces résultats au moins mène à des informations à jour pour tenir compte de l’évolution de la procédure (par exemple, dans l’hypothèse où, après avoir été condamnée en première instance, une personne bénéficie d’une relaxe en appel).

On retiendra enfin que la CNIL prend acte de ces précisions dans les informations publiées sur son site internet, notamment dans la FAQ décrivant les conséquences pratiques de ces décisions sur les personnes concernées, ainsi que dans l’instruction des centaines de demandes de déréférencement qu’elle reçoit tous les ans.

Sur les décisions du Conseil d’Etat évoquées, voir Costes L., Droit à l'oubli : la position du Conseil d'État, RLDI 2019/165, n°5620.
Source : Actualités du droit